Et si on votait pour nos médias ? Ni ORTF, ni média privé esclave des annonceurs, des pressions politiques et de la rentabilité à tout prix ? J'ai pensé à un plan (très naïf, j'imagine) sur un coin de nappe en papier ! J'ai très envie d'en discuter avec vous.
|> ÉTAPE 1: On coupe toutes les subventions aux médias. Ou on les baisse beaucoup.
|>ETAPE 2: Les médias qui survivent restent privés. Ceux qui crèvent sont nationalisés, rachetés au rabais, et rejoignent un grand projet de service public médiatique. Tous leurs journalistes éventuellement licenciés sont réintégrés s'ils le souhaitent.
|>ETAPE 3: on augmente drastiquement la redevance, qu'on généralise et rend proportionnelle au revenu (ou carrément progressive).
|>ETAPE 4: On rassemble ces médias nationalisés, tous supports confondus, en plusieurs groupes de taille décroissante, avec toutes leurs infrastructures et leurs salariés.
|> ETAPE 5: On organise tous les 5 ans des élections médiatiques au suffrage universel proportionnel, pour élire la direction et les rédactions en chef de ces groupements de médias. Les listes avec le plus de voix auraient les infrastructures et la masse salariale la plus importante (qui ne bougerait pas ou peu en fonction des élections, elle). Et les attributions seraient décroissantes en fonction du nombre de voix obtenues par chaque liste.
|>POURQUOI JE PROPOSE ÇA ?
Les citoyens n'ont globalement pas une grande confiance en leurs médias, les baromètres (pour ce qu'ils valent) semblent le démontrer. La démocratie en est malade.
PROBLEME 1 : Les médias se concentrent souvent, et de plus en plus, entre des mains qui n'inspirent pas confiance. Banquiers, assureurs, grands industriels... Une oligarchie qui n'est, je pense, pas pour rien dans le gros manque de pluralisme que de nombreuses idées peuvent subir (et pas qu'à gauche). Il faut garantir un meilleur équilibre pour garantir un bon débat d'idée. (Voir ou revoir Les Nouveaux chiens de garde)
PROBLEME 2 : Les médias doivent aujourd'hui être rentables avant d'assurer leur mission première : informer le citoyen. Ce sont des entreprises lambda, et même avec les journalistes les mieux intentionnés, au final, l'information reste un produit qu'il faut vendre. Des informations capitales mais chiantes, sur le fonctionnement des institutions à tous les échelons, sur le fonctionnement de l'économie, sur la science, n'existent qu'à la marge.
REMARQUE : On me dira que les lecteurs/ spectateurs/ auditeurs/ internautes choisissent déjà leurs programmes en zappant/consommant. Mais ils le font en tant que consommateurs, pas en tant que citoyens. Quand vous zappez le lundi soir, fatigué, vous ne réfléchissez pas sur 5 ans, vous ne prenez pas de bonne résolution, vous ne mesurez pas la portée de votre acte. C'est ce qui, je pense, fait que tant de gens regardent des programmes tout en les trouvant de plus en plus nuls, laids, vulgaires, par exemple, sans prendre conscience de leur modeste responsabilité là dedans.
Une révolution démocratique dans les médias ?
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Irbingude Il y a 25 jours Permalien
(1/2)
Bonjou BJK,
Tout d'abord, merci pour cet article qui pose un problème crucial. L'indépendance des médias du pouvoir politique et des intérêts d'argent est une question cruciale pour la démocratie. Que vaut la liberté de choix si l'on est mal informé ? Je pense donc que la 6ème République devra constitutionaliser les conditions d'une presse indépendante et de qualité comme faisant partie des bien comuns inalienables du peuple. Par exemple en établissant qu'un média d'information ne peut-être la propriété que d'une conférence de rédaction composée de journalistes (c'est une ébauche).
Par contre, je dois avouer que je suis plus que réservé quant à ta proposition de voter pour établir les finances des différents journeaux. Si je suis plus que favorable à la démocratie sociale à l'intérieur d'un journal, la démocratie telle que tu la proposes s'aparente pour moi à un remède presque pire que le mal.
En effet, pour être financés, les journeaux devraient donc produire une information dont la principale qualité serait de plaire au plus grand nombre. Or, il ne m'apparaît pas du tout certain que cette information soit pour autant de qualité.
Irbingude Il y a 25 jours Permalien
(2/2)
En général, les gens ont tendance à favoriser les informations qui vont dans le sens de leurs hypothèses (on appelle la chose le biais de confirmation). Or, une bonne presse est aussi une presse capable de sortir une information contre-intuitive ou qui déplaît largement.
Je pense donc que ce serait une mauvaise solution à un vrai problème. Une révolution démocratique dans les médias ? Oui ! mais une démocratie sociale ! Et interdiction de la propriété lucrative. Uniquement la propriété d'usage. Pour les subventions (il est importants de soutenir aussi les petits journeaux à faible diffusion), une répartition basée sur des critères objectifs, par exemple la masse salariale ou le montant du déficit. Il faut absolument que cette répartition soit totalement en dehors de la décision politique.
Fraternellement,
Grégoire.
BJK Il y a 25 jours Permalien
Concernant le subventionnement, je crois que trouver des critères objectifs est trop difficile. Déjà, qu'est-ce que tu entends par journal ? À masse salariale et à déficit égal, un journal comme Le Nouveau Détective, ou une merdouille people, mérite-t-il autant de subventions qu'un journal de reportages internationaux de fond ? Tu vas me dire "faisons en fonction des sujets traités". Mais où est la frontière entre le people et le politique ? Le journal fashion kikoolol et l'analyse de la société ? Les contours du journalisme et de ce qu'est un journal ne sont pas, ou très mal, définis par la loi. Subventionner un journal, c'est trop arbitraire, ou alors il faut en subventionner des dizaines de milliers. Le Monde Diplo parlait récemment de son subventionnement, et montrait les publications les plus subventionnées. Un truc comme Télé Z touche beaucoup plus de brouzoufs que Politis. http://www.monde-diplomatique.fr/2014/11/HALIMI/50948
C'est pour ça que je cherche une autre voie, plus impartiale, plus objective.
Irbingude Il y a 25 jours Permalien
Oui, en effet, j'avais lu aussi (et je suis par ailleurs abonné au diplo). Ces questions se posent, c'est sûr. Je n'ai malheureusement pas de vraiment de réponse pleinement satisfaisante à te faire ce soir (à par dire que ces critères doivent pouvoir être établis avec intelligence). Mais j'imagine que d'autres ont du se pencher sérieusement sur ces questions !
BJK Il y a 25 jours Permalien
Pour avoir usé pendant des semaines ces questions comme tout étudiant en journalisme, en débats de déontologie, en conférences diverses et variées, je suis malheureusement à peu près sûr que c'est une impasse. C'est dommage, ce serait beaucoup plus simple.
BJK Il y a 25 jours Permalien
En réponse à la deuxième partie de ton commentaire.
Ce biais de confirmation est un problème. On le constate beaucoup sur Internet, avec les gens faisant eux même leur sélection d'informations. Et je ne prétends pas que cette idée pourrait le régler. En revanche, je pense qu'elle ne va pas l'aggraver pour autant. Si on observe les médias actuellement, il y a les médias de niche politisés que les gens lisent pour se conforter dans leurs idées, et en ce sens, le biais de confirmation existe déjà pleinement. Et puis il y a les médias théoriquement généralistes et apolitiques qui laissent à peu près tous une place disproportionnée et écrasante à la pensée unique.
Un système distribuant des médias par élections pourrait certes inciter à fayoter son électorat, mais c'est un moindre mal par rapport à l'abrutissement du consommateur, l'obéissance aux actionnaires et aux annonceurs et la déférence envers le pouvoir.
Enfin, je rappelle que mon idée ne concerne qu'une partie du système médiatique, un service public élargi. Il resterait évidemment une place pour les médias privés, associatifs, spontanés. Ils seraient juste moins subventionnés.
Irbingude Il y a 25 jours Permalien
Bonjour BJK,
Merci pour ta longue et limpide réponse. Saches que je partage encore une fois tous tes constats ou quasiment. Mais ta solution ne m'apparaît pas bonne pour autant. Je ne prétendrai pas avoir de certitudes, mais je pense que ton système ne fera qu'agraver la dimension spectaculaire et flateuse de l'information. Peut-être que ton idée permettrai d'améliorer un peu les choses (ce dont je doute), mais en aucun cas il ne permettrait selon moi de changer significativement le paradigme actuel.
Donc quitte à changer de république, je propose d'aller beaucoup plus loin et pour ce faire, le point de départ de la propriété sociale des médias m'apparaît une bonne chose.
Quant aux médias publics, la séparation complète d'avec l'état et l'obligation de remplir un cahier des charges qui pourrait relever de la constitution ou être établit et mis à jour par une chambre de citoyens tirés au sort (pour le coup).
Fraternellement,
Grégoire
P.S. : je vote pour l'article malgré mon désaccord à cause de l'importance de la question soulevée.
BJK Il y a 25 jours Permalien
La propriété sociale des médias me semble être une excellente idée en tout cas. (je n'ai pas mesuré toutes les dimensions du problème évidemment, c'est compliqué). Elle règle des problèmes d'indépendance vis à vis d'actionnaires qui imposent leur pensée, je suis pour à 100%. Mais ça ne règle pas le simple souci de rentabilité de l'info, qui je crois cause pourtant beaucoup de problèmes, notamment ceux que tu pointes. Ce n'est pas que l'actionnaire qui incite au spectaculaire et au démago. C'est le simple besoin de vendre du papier pour rester à flot - je ne parle même pas de profit. Le fait d'avoir un vrai financement public, sanctuarisé, beaucoup plus important, pas aléatoire, en contrepartie d'une organisation impartiale, stricte et démocratique, permettra je pense beaucoup plus d'indépendance, vis à vis de tout le monde, y compris du lectorat / de l'audience. Car il/elle sera consulté-e en conscience (pas au détour de pulsions consommatrices, ce qu'une propriété sociale ne réglerait pas) et sur un temps beaucoup plus long, avec beaucoup plus de recul. On peut d'ailleursimaginer des mandats plus longs que 5 ans.
BJK Il y a 25 jours Permalien
Bonjour Irbingude...
Les journaux, en tout cas les généralistes, malheureusement, sont déjà obligés de produire une information qui plait au plus grand nombre. Mais pire que ça, c'est une information qui doit à la fois plaire au plus grand nombre et être facilement consommable. Une information de plus en plus démagogique (envers son lectorat) ET sensationnelle. Avec l'idée débattue, le nombre garderait le pouvoir. La grosse différence, c'est que c'est un pouvoir qu'il maîtriserait, ce qu'il ne fait pas en consommant sans se rendre compte des conséquences.
Cette idée, en outre, par la multiplicité de groupes de presse à "conquérir", avec une élection proportionnelle, a pour but de laisser place à plus de pluralisme, plus de place pour des idées différentes et assumées. Pas d'uniformisation de pensée en vue, je crois, si c'est ce qui te fait peur. L'élection ne serait toutefois pas forcément aussi orientée idéologiquement que les présidentielles ou les législatives, puisque la campagne concernerait aussi les projets culturels, sportifs, de divertissement...
Pierre30 Il y a 25 jours Permalien
Je vote pour avec la nuance suivante : les média de service public n'ont pas à être rentables. Le rôle d'un service public est d'assurer le même service à chaque citoyen où qu'il soit dans le pays quel que soit son coût.
sdm94 Il y a 25 jours Permalien
Rentable c'est génèrer de la rente ! Dans un société de propriété d'usage aucune structure ne doit avoir pour objectif d'être "rentable"... L'objectif de toute organisation doit être d'apporter le meilleur service à ses bénéficiaires (usager, clients, partenaires,...) par décision collective de tous ses participants (coopérateurs, salariés, co-entrepreneurs...). Bien évidemment des comptes bénéficiaires permettent d'investir, mais n'ont pas besoin d'être "rentables"...
BJK Il y a 25 jours Permalien
Je suis bien d'accord avec vous. L'idée de la démocratie médiatique, c'est justement d'assumer un financement étatique sans pour autant que le gouvernement ait le moindre moyen de pression, afin de se dégager, justement, de la contrainte de la rentabilité. Rentabilité qui, au delà des principes que fondamentaux que vous rappelez sur les services publics, incite au sensationnalisme, à la place disproportionnée des faits divers, à la course au buzz, à l'infotainment, au peoplitique.
Je suis avec vous à fond là dessus.
Respublica Il y a 25 jours Permalien
bonsoir , je pensais on devrait boycotter la redevance , "car ils se fichent de nous", ce soir justement
mais je n'ai pas été aussi loin que vous !
je sais pas ce qu il faut faire pour avoir une télé de qualité , on pourrait peut etre subventionner Mediapart pour qu'il fasse une chaîne privée avec le "canard enchaîné" !
en tous cas je suis bien d 'accord avec votre dernière remarque "on me dira que les lecteurs/spectateurs..en consommant etc.."en effet on devrait boycotter, car les programmateurs se référent à l 'audimat et en redonnent et du flic amerlock et du bêtisier etc ...et le téléspectateur regarde, faute d autre chose , (d'une chaîne à l'autre si peu de différences)et ainsi les media nous adaptent à leur choix, l'objectivité de l'actualité ou le degrés culturel dégringolant considérablement à notre insu et le consommateur avec .......
cordialement
BJK Il y a 25 jours Permalien
Vous voulez dire "boycotter" la redevance, ou les émissions nulles ? Je pense que le boycott des émissions nulles serait une excellente chose à petite échelle, mais je vois ceux de mes amis qui regardent et je me vois mal en motiver beaucoup à faire autre chose après une dure journée de boulot et la grosse flemme.
Concernant un subventionnement, je ne sais pas trop non plus. Mediapart et le Canard Enchaîné sont clairement des médias à part, mais un subventionnement un peu arbitraire, parce qu'on les juge bons, et sans demander de contrepartie en terme de qualité et de pluralisme (je pense à des mesures démocratiques comme celles que j'ai proposé), j'ai peur que ce soit bancal, que ça crée un précédent dangereux.
Mais c'est clair qu'aujourd'hui, payer la redevance peut faire mal quand on pense à certaines émissions du service public.
Respublica Il y a 25 jours Permalien
je parle du boycotte de la redevance télé , ou de la presse ou des média actuels , car pour les remettre véritablement en cause ,il n y aurait guère que cela à faire , dans notre société de consommation il n y a d'autres véritables moyens de dire NON qu'en achetant plus !mais comment faire suivre ce mouvement c'est la le problème , peut être par des expériences successives qui pourront échouer dans un 1er temps et finir par se réaliser avec le plus grand nombre ,(l appel de Cantona à vider les comptes bancaires n'avait pas été suivi d effets; )
l argent reste le pouvoir absolu de notre société ,si chaque mois notre actuel gouvernement ne devait son salaire qu'au paiement salariale directe de ses électeurs il y a longtemps qu il ne serait plus là , pourquoi ne pas se servir de ce pouvoir là ou nous le pouvons encore , ainsi pourrait il en être aussi de nos impôts avant que d être prélevés à la source , non parceque nous sommes contre l impôt qui est une substantielle régularisation de l injustice sociale mais parce que nous n' approuvons pas son orientation à rembourser une dette à on ne sait qui !
(pour le reste... changez d'amis...lol )
sdm94 Il y a 25 jours Permalien
Pour les autres articles sur les médias voir le groupe créé par Wiki : https://www.m6r.fr/nouslepeuple/group_story.php?title=separation-et-controle-des-pouvoirs-4-les-systemes-mediatique-et-educatif&view=shared
BJK Il y a 25 jours Permalien
Ah, il faut convaincre, réussir à lancer un mouvement. Pas facile, mais si ça marche, c'est un gros moyen de pression.
Après, on me dit souvent que je suis pessimiste. Mais je suis sceptique quant à la capacité des consommateurs à se mobiliser assez pour faire changer les choses en profondeur. Introduire de la réflexion et de la conscience dans le processus de consommation me semble très difficile. Beaucoup essaient, mais les messages sont trop nombreux et se parasitent. Il faut boycotter les OGM, boycotter la viande industrielle, boycotter les produits qui viennent de trop loin, boycotter les produits israéliens, boycotter les vêtements et les produits faits par de la main d'oeuvre esclave, boycotter les produits avec une trop grosse empreinte carbone, acheter Français, acheter commerce équitable.
Enormément de choses pourraient changer si les consommateurs consommaient éthiquement, mais rien ne change. Parce qu'il y a trop à changer. Parce que les consommateurs ne sont pas capables d'avoir en permanence en tête tous les problèmes du monde au supermarché ou devant leur télé. Je pense que les leviers de changement sont ailleurs.
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