Je termine mon article d'hier en examinant surtout les conséquences d'un système non paritaire. Si on dit que la parité est un mauvais système, qui maintient une différence politique entre hommes et femmes tout en proclamant qu'il n'y en a pas, c'est qu'on veut un système où l'on choisit indépendamment du genre, et peu importe finalement s'il y a moins de candidates, et encore moins d'élues.
On dirait donc que puisque la femme est l'égale de l'homme, cela relève de la responsabilité de chacun de se présenter ou non au élections. J'analyse cela comme l'arrivée sournoise d'une conception très libérale de la responsabilité individuelle. De la même manière que le chômeur est responsable individuellement de son chômage, parce qu'il est mal qualifié et qu'il ne fait pas assez d'efforts, de la même manière que l'élève en échec scolaire est responsable de son échec, il n'avait qu'à mieux travailler et à se donner plus de mal, de la même manière, les femmes sont responsables du fait qu'elles ne se présentent pas aux élections, c'est à elles de se prendre en main.
Dans les deux premières situations, nous serions nombreux à réagir : ben non patate ! Faut considérer aussi les conditions globales de l'emploi avant d'accuser les chômeurs ! Ou faut regarder l'origine sociale de l'élève avant de l'accuser d'être incapable de rentrer à l'ENA par fainéantise. Pour la candidature des femmes, c'est la même chose. Il faut regarder les conditions globales et leur influence sur les décisions individuelles avant de dire que telle ou telle est trop timide. Toutes les conditions sont réunies pour obtenir ce genre de résultat. On peut faire autant de circonvolutions que l'on veut, le résultat est là, y compris au sein du M6R.
Les votes sans parité, c'est rester où on en est, ne rien changer aux représentations sociales, et faire reposer, une fois encore, sur le dos des femmes, la responsabilité de leur manque de représentation dans les élections. Maintenant que nous sommes théoriquement égales, à nous de nous prendre en main. Et voilà par la petites porte des arguments essentialistes qui se pointent : si les femmes ont autant de droits politiques que les hommes, c'est qu'elles sont par nature plus timides, moins faites pour le pouvoir, etc.
Je pense qu'il faut refuser cela, et demander la parité à toutes les élections.
J'ajoute que j'en ai un peu marre de faire des articles sur le féminisme, mais je m'y vois poussée par un œil attentif sur les candidatures. Le mail rappelant les échéances a provoqué une cascade de nouvelles candidatures masculines, et à peine quelques une féminines. En tant que féministe, j'ai toujours refusé d'y passer mon temps, car je ne veux pas que le féminisme soit une sorte de « hochet » militant donné aux femmes pour les occuper tandis que ces messieurs s'occupent de choses sérieuses comme l'économie, la défense, la géopolitique. Mais là, ça me paraît nécessaire.