Signer pour la 6e République, c’est refuser l’absence d’alternative

Par Natacha Polin, enseignante en Lettres

 

Depuis deux mois que ce mouvement existe, je lis avec intérêt les textes en faveur d’une réforme de nos institutions et mon sentiment se transforme en conviction. C’est pourquoi, aujourd’hui, à l’occasion de la manif en ligne, je décide de passer du côté des acteurs.

Gombrowicz a écrit : « Le poids de notre moi dépend de la quantité de population sur la planète ». Je pense plutôt que celui-ci dépend de ce que nous faisons de l’expression de nos opinions. Le dévoiement politique de l’expression populaire et la confiscation médiatique des débats sont suffisants pour que nous ne nous empêchions pas de faire valoir nos voix. Nous sommes tous légitimes à écrire notre besoin de plus de démocratie et à nous faire entendre sur les processus représentatifs dont nous voulons.

Nous sommes dans un moment critique, nous le savons mieux que ceux qui théorisent et discourent sur la crise. Nous devons faire de ce moment une opportunité de sortie de la répétition et inventer demain. Pardon pour ces grands mots et ces injonctions. Mais je pense que tout est à inventer et par nous tous. J’ai confiance en chacun d’entre vous que je ne connais pas, parce que je crois sincèrement que le bien pour tous naît de la démocratie. Comptons sur la force du nombre et notre maturité démocratique qui en fait sa valeur. Des individus qui s’expriment, qui débattent, qui se positionnent sont la condition d’une restitution du pouvoir. Il est plus qu’urgent de sortir de la masse gouvernée toujours par les mêmes malgré les élections.

Aujourd’hui, signer pour la 6e République c’est refuser le « nous n’avons pas d’alternative » pour assumer des choix. Car des choix, ceux qui s’excusent devant nous en bégayant qu’ils ont manqué de pédagogie pour faire accepter leurs nouvelles lois, ils en font, et pour nous tous. Retrouvons le sens du mot « alternative » qui ne signifie pas une seule voie, et retrouvons le sens du mot « politique » qui signifie prendre des responsabilités.

Les Français adorent la politique et les débats, c’est une chance. Mais on les trompe en les abreuvant de polémiques et de buzz politiciens. Derrière l’arbre il y a la forêt… à nous de nous y aventurer et de trouver le chemin pour écrire notre histoire.